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François Charles Haussaire sculpteur, peintre sur verre

Dans le canton 15 la façade de la petite chapelle avait été richement décoré à la mort de François Charles Haussaire (1851-1924) . Pensez, ce sculpteur, né en Meurthe-et-Moselle, et ayant vécu longtemps à Reims fit partie d’une grande famille de sculpteurs, menuisier et peintres verriers.

Les vierges qui encadrent l’entrée de la chapelle mortuaire ont été volées. C’est la sculptrice rémoise Florence Kutten qui les a refaites.

C’est en 1874 que les Haussaire auraient implanté rue Lesage à Reims leur entreprise artisanale spécialisée dans les vitraux et les mobiliers d’église en pierre ,en bois où en marbre.

La qualité de leur travail et leur renommée en firent ,dit-on, l’une des plus importante entreprise du genre en France.

Sans qu’on sache précisément (1) la chronologie de la vie de ces professionnels, on sait que François Charles Haussaire aurait repris en 1902 à Paris, 13, rue de Vaugirard les parts de l’atelier que détenaient Guyonnet avec Léon Payan, célèbre pour la qualité de ses vitraux. Il développe l’atelier en fabriquant des ornements religieux (autels, chaires, stalles, confessionnaux, statues et vitraux.

Réalisation de vitraux avec Léon Payan dans l’église de Châtillon en Vendelais

Mais tous les tracas provoqués par la discussion de la séparation de l’église et de l’Etat ( 1905)pèsent lourd sur le développement de l’entreprise. Haussaire recentre ses activités à Reims avant de retourner bien plus tard à Paris pour finalement revendre les ateliers de Reims et de Paris à Georges Merklen.

Ernest et François Haussaire avaient aussi installé aussi à Lille une entreprise où il fit de nombreuses verrières de maisons privées, mais aussi des vitraux modernes ou « façon moyenâgeuse, des médaillons et des armoiries.

François Charles Haussaire marié à Blanche Armandoux est décédé le 5 février 1924. Il est enterré dans la chapelle familiale du cimetière du Nord d’une capacité de huit caveaux.

Dans cette chapelle, avec une autorisation, on peut voir une superbe « dormition de la Vierge

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Dans la région, les Haussaire ont notamment réalisé un maitre-autel à Courville et de nombreux vitraux dans les églises d’Aiglemont, l’Echelle, Tagnon, Maubert-Fontaine etc.

1)Si vous avez des renseignements biographiques sur cette famille, merci de prendre contact avec alain.moyat@orange.fr

Recherche de renseignements à propos de Jean-Joseph Lévy

Vue générale du cimetière du Nord

Afin de lui consacrer un article sur mon blog https://reimscimetieredunord.wordpress.com , je suis à la recherche de renseignements biographiques sur la personne de Jean-Joseph Lévy (1895-1958).

Ce chirurgien né à Troyes, interne des hôpitaux de Paris s’est installé à Reims en 1929. Médecin-chef de l’hôpital américain, cet homme a été un membre actif de la Résistance de 1942 à 1944. Il aurait opéré et donner des soins à des aviateurs anglais ainsi qu’à des réfractaires au travail obligatoire (STO) et à des résistants.

Je trouve que ces faits ne sont pas assez connus et qu’il serait légitime d’évoquer l’histoire de ce médecin.

Roger Jardelle, maire de Reims (1894-1959) rescapé de la déportation

Roger Jardelle: huile réalisée en 1956 par Adrien Sénéchal

Natif de Reims où il a vu le jour Avenue de Laon le 30 janvier 1894 , métreur puis métreur-architecte en 1929, Roger Gérasime Jardelle, un enfant du 4ème canton, « homme gentil, affable et simple », radical-socialiste, a consacré près d’un quart de siècle à la chose publique. Croix de guerre 1914-1918, médaillé militaire, il commence sa carrière municipale en 1929 comme conseiller , occupant ensuite les fonctions d’adjoint.

Arrêté le 15 juin 1944

Mais son parcours municipal lui coûte cher. C’est en effet comme élu, avec le maire Henri Noiret, Bertrand de Vogüé, André Huet, Albert Réville et le secrétaire de la élu sous-préfecture qu’il est arrêté par les occupants allemands. Déporté au camp de Neuengamme il en réchappera et fut rapatrié sur Reims le 18 mai 1945.

Retrouvant son siège municipal, Roger Jardelle premier adjoint en 1948 fut élu maire en juillet 1949, suite au décès d’ Albert Etienne Réville en cours de mandat. Il occupera cette fonction jusqu’en 1953.

Au monument aux martyrs

de la Résistance et de la déportation

Photo CNDP

Le 8 mai 1955 c’est avec une grande émotion qu’il participe à l’inauguration du monument aux martyrs de la Résistance et de la déportation édifié à la place d’un kiosque à musique dans les Hautes Promenades. Au cours de cette cérémonie présidée par le général Ganeval, ancien déporté de Buchenwald, le député Pierre Schneiter et le maire René Bride, une urne recueillant les cendres de déportés des camps de Mauthausen, Flossenburg, Bergen-Belsen et Neuengamme est scellée dans le monument.

Roger Jardelle fait chevalier de la Légion d’honneur en 1950 reçut aussi la croix de guerre le 18 mai de la même année des mains du président de la République Vincent Auriol .

Roger Jardelle debout, aux côtés du président de la République Vincent Auriol (photo Alain MOYAT)

Dans un bilan dressé à la fin de sa mandature, Roger Jardelle a particulièrement insisté sur le bilan social des années 1947 à 1953 marqué par la création de chantiers communaux, d’un fonds municipal d’aide au chômage, d’un bureau d’aide sociale avec fourniture de repas aux chômeurs de même que la mise en place d’un chantier « secours-travail » d’entretien de voirie pour les vieux travailleurs.

Durant la même périoe, le conseil a admis le principe de la transformation de l’école préparatoire de médecine et de pharmacie en une école de plein exercice. A cette époque la mairie comptait 900 salariés.

Une rue et une école à son nom

(photo infosparents51.fr)

Roger Jardelle était aussi officier de l’Instruction publique, chevalier de la Santé publique, officier de la Couronne de chêne du Luxembourg, titulaire des Palmes académiques et de la Médaille d’honneur communale.

Il s’était marié en 1920 à Jeanne Marie Hermance Appelle, qui se présenta aux élections municipales, en 1944, sur la liste du parti radical. La sépulture de Roger Jardelle se trouve dans le 20 ème canton du cimetière du Nord.

L’ancien maire a une rue et une école à son nom dans le quartier de l’Avenue de Laon est fleurie chaque année au cimetière du Nord, le 30 août, jour anniversaire de la Libération de Reims.

Alain MOYAT

Source: « les rues de Reims, mémoire de la ville »par Jean-Yves Sureau; « la gestapo française » par Gérard Chauvy et Philippe Valode; « 50 ans de vie rémoise par Alain Moyat.

Un hommage aux Simon, une dynastie de peintres-verriers rémois

une dynastie du vitrail

A tous seigneurs (de l’art), tout honneur. Derrière un feuillage d’églantines sauvages (canton 8), sobre et discrète, une haute stèle de pierre blanche rappelle la mémoire des Simon, peintres-verriers rémois.
Le nom de Pierre Simon: 1614 suivi de nombreux autres Simon dont les prénoms sont parfois identiques inaugure la mémoire d’une famille dont le nom restera toujours lié aux grands verriers de la cathédrale Notre-Dame: la cathédrale de Reims; mais aussi à de superbes peintures.
Le gardien du cimetière pourra d’ailleurs vous faire découvrir dans la chapelle Luzzani un superbe vitrail réalisé par un maître-verrier Simon, de ceux qu’on a longtemps qualifiés de « gardiens des verrières, des rosaces de la cathédrale. »

Ernest Kalas architecte décorateur primé à l’expo universellle de 1900

Philippe Ernest Kalas (1861-1928)

Il a su marier avec talent l’architecture et les arts décoratifs. Médaille d’or pour son pavillon champagne à l’exposition universelle de 1900, Philippe Ernest Kalas ( 1861-1928)a aussi réalisé de superbes celliers pour des maisons de champagne rémoises et participé à la reconstruction d’églises. Avec Paul Léon Il a aussi publié douze plans pour montrer l’évolution de Reims depuis les gallo-romains. Et ce n’est pas tout.

Une formation musclée

Quand il décide en 1884 de s’associer avec le Rémois Armand-Jacques Bégue, Philippe Ernest Kalas architecte décorateur a de sérieuses références. D’abord apprenti chez l’architecte Alphonse Gosset, choisi pour faire l’Opéra de Reims, il fait l’école nationale des Beaux-Arts, travaille chez Brunel, dessinateur; dans l’atelier Guadet (prix de Rome)et de Pierre Victor Galand (peintre décorateur). Par deux fois il est lauréat du concours de peinture et de sculpture de l’Union centrale des arts déco (1883).

On lui doit les celliers Mumm, aujourd’hui « le Cellier« 

Il a dessiné les celliers Roederer, mais les Rémois connaissent mieux l’une de ses plus belles réalisations rue de Mars, face à l’hôtel de ville. C’est en effet à Kalas que l’on doit en 1899 les celliers Mumm (ancien siège de Jacquart)dont la façade japonisante avec ses cinq mosaïques illustrant le travail du vin fait le bonheur des photographes. Le bâtiment est devenu l’un des nouveaux lieux culturels rémois: « le Cellier ».

Primé à l’expo universelle de 1900

Le pavillon primé (aquarelle de Toussaint)

Kalas. Une sculpture du rémois Auguste Coutin (1932)

Kalas a eu aussi les honneurs nationaux en recevant une médaille d’or (catégorie plans et modèles d’édifices civils) pour le bâtiment Champagne de 400 mètres carré , « mi art nouveau, mi rococo » construit à l’occasion de l’exposition universelle organisée à Paris.

Kalas a aussi secondé Edouard Redon pour la réalisation au parc Pommery du fameux collège d’athlètes voulu par le marquis de Polignac (1907-1913)

Il a participé à la reconstruction partielle de plusieurs églises: à Sillery (Marne), Aubenton (Aisne) et Maubert-Fontaine.

Un professionnel érudit

Une affiche réalisée par Kalas (1896)

Co fondateur de la société des Amis du vieux Reims (1909), Ernest Kalas marié à Blanche Honorine Truchon, artiste peintre, fut deux fois président de l’Académie nationale de Reims (1913 et 1923)est très érudit. Il a publié plusieurs ouvrages : « De la Tamise à la Sprée », « les aspects de Reims au III ème siècle », « la vie rémoise à travers les âges ». Des biographies anotamment sur les Ponsin: peintres rémois et sur René de Saint-Marceau).

Avec le peintre Paul Bocquet et Abel Jamas, Kalas il est aussi le fondateur de l’union rémoise des arts décoratifs (1922)

Au cimetière du Nord, c’est lui qui a réalisé le tombeau de la famille Cadot-Tortrat avec sa fameuse pleureuse drapée (de Théodore Rivière) assise dans une chapelle.

Opposé au plan Ford de reconstruction de Reims

De 1919 à 1923 inspecteur du service archéologique de la ville de Reims rattaché au service des monuments historiques dirigé par Henri Deneux, Kalas s’est opposé fermement ( mais presque en vain) au plan Ford de reconstruction de Reims après la première guerre mondiale.

Alain MOYAT

Sources: site internet des maisons de champagne, les rues de Reims de Jean-Yves Sureau; « le cimetière de Reims » d’Alphonse Rocha; Wikipédia.

Armand Victor Lemoine reconstitue un simoedosaure à Berru

Médecin, zoologiste et paléontologue Armand Victor Lemoine (1837-1897) mériterait une plus grande notoriét régionale. Ses recherches sur la flore et la faune découvertes dans les argiles champenoises sont passionnantes. A l’image de ce simoedosaure, une espèce de crocodile qui vivait à Cernay-lès-Reims entre palmiers et étendues d’eau.

Armand Victor Lemoine

Déjà au Lycée de Reims, sa passion pour les sciences naturelles doublée d’un vrai don pour le dessin avait suscité l’admiration de ses maîtres qui avaient vu ses cahiers remplis d’études d’animaux et de plantes.

Commençant ses études de médecine à Reims à l’école dirigée par son beau-père le Dr Maldan, Armand Victor Lemoine, après avoir été interne en médecine à l’hôtel de Dieu de Reims puis aux hôpitaux de Paris, Dr en médecine, devint Dr ès sciences naturelles après avoir passé avec succès une thèse sur « le système nerveux, musculaire et glandulaire de l’écrevisse. »

Passionné de fouilles, tout à la fois géologiste, zoologiste et paléontologue, il consacra finalement toute sa vie à l’histoire naturelle.

Fouilles avec son épouse

dans les bois de Cernay et de Berru

Muni d’une pioche et d’un marteau, souvent accompagné par son épouse Marie Chevillon, il sillonna le pays rémois (Châlons-sur-Vesle, Cernay-lès-Reims, Berru) et le sud de la Marne pour satisfaire sa passion et surtout rédiger des études qui font date expliquant ses découvertes géologiques. « Il gagnait sa vie en exploitant les fossiles d’oiseaux et de mammifères trouvés à Reims, le plus ancien des systèmes d’Europe connus.  » Il s’intéresse à à Sézanne aux traces de phylloxéra trouvées sur des feuilles de vigne (vitis Balbiani)fossilisées dans des travertins datant de plusieurs millions d’années.

Dans les coupes argileuses creusées à l’occasion de la construction du fort de Berru il trouve des traces d’animaux ( (tortue fluviale, arctocyon etc ) qu’il reconstitue selon la méthode Cuvier selon la loi de corrélation (des formes permettant la reconstition d’un squelette à partir de quelques fragments.) Ainsi il fait renaître notamment le Simoedosaure, un reptile ressemblant à un crocodile qui vivait jadis dans le Cernaysien.

document wikipedia

Correspondant avec des savants du monde entier, il publie ses nombreuses recherches. On citera celles sur:

 » les énergies fossiles des terres tertiaires inférieures de Reims« ;

« Les oiseaux des terrains tertiaires inférieurs des environs de Reims;

« Quelques mammifères de petite taille de la faune cernoysienne du milieu rémois;

un « atlas sur les caractères spécifiques de la flore parisienne et de la flore rémoise. »

« Une étude des dents de mammifères fossiles dans l’environnement de Reims. »

« L’utilisation des rayons X dans les recherches zoologiques et paléontologiques ».

On rapporte qu’à sa mort, à 60 ans, Armand Victor Lemoine, professeur honoraire de la faculté de médecine de Reims, vice président de la société géologique de France, ancien président de l’Académie nationale de Reims, décoré de la Légion d’honneur pour tous ses travaux, aurait laissé encore beaucoup d’autres écrits sur ses recherches et ses découvertes. A ce jour rien n’aurait été retrouvé.

Victor Lemoine est enterré dans le canton 17, dans la même concession que son beau père le Dr Maldan.

Alain MOYAT

Sources: « Annuaire » Matot-Braine 1898; « Cimetière du Nord » d’Alphonse Rocha, les rues de Reims de Jean-Yves Sureau.

Henri Philippe Censier honorait ceux qui avaient résisté aux Prussiens en 1870

On ne sait pas grand chose sur la vie d’Henri Philippe Censier (1845-1911). Reste dans le cimetière du Nord une tombe surmontée d’une colonne sur laquelle le sculpteur Chavalliaud a réalisé un beau portrait.

Né le 13 juillet 1845 et mort le 12 décembre 1911 Henri Philippe Censier, teinturier à Reims, époux d’Angèle Coquillet s’est fait connaître comme président de l’association des militaires rémois qui avaient résisté aux Prussiens durant la guerre de 1870-1871.

Si vous avez de plus amples renseignements, je suis preneur.

A.M

J.B. Pierre Henri Caqué: le père du cimetière du nord

Ne cherchez pas sa tombe. Elle n’existe plus? Un comble. A l’origine dûment motivée de l’emplacement du cimetière du Nord de Reims inauguré en 1787, Jean-Baptiste Pierre Henri Caqué n’en n’a plus. Une plaque à sa mémoire a toutefois été placée à l’entrée de la nécropole.

Plus de tombe mais une plaque souvenir

Né le 22 janvier 1751, Jean-Baptiste Pierre Henri Caqué professeur de médecine et médecin militaire n’a pas eu la même notoriété que son père Jean-Baptiste Caqué (1720-1787)médecin récompensé par le roi Louis XV . Pensez, son géniteur a perfectionné plusieurs outils chirurgicaux et réalisé durant sa carrière 170 opérations de « la taille » (broyage des pierres dans la vessie avec une pince broyeur).1

Pour des raisons sanitaires

L’histoire locale retiendra heureusement la réussite du projet pour la santé des citoyens de Rheims qui a animé Jean-Baptiste Pierre Henri Caqué et qui a abouti à l’ouverture du cimetière du Nord quelques années avant le célèbre Père Lachaise parisien.

Professeur de médecine, régent de la faculté de médecine de Reims, JBPH Caqué réussit à convaincre ses contemporains que le cimetière de l’hôtel Dieu, saturé, devait être fermé pour des raisons sanitaires. Pas assez profondément enterrées les dépouilles mortelles , amas considérables de putréfactions, souvent rouvertes étaient des foyers de contagions. Faisant référence à plusieurs maladies épidémiques constatées en France, il estimait que « les exhalaisons des morts (putrides, pestillentielles) influaient beaucoup sur la santé de tous ceux qui y étaient exposés, surtout dans le temps d’épidémies. »

Il décida qu’il fallait placer le nouveau cimetière ceint d’un haut mur (et couvert de bruyères) hors la ville entre la porte Cérès et la porte Mars. Il fallait « un site spacieux pour y enterrer chaque mort dans une fosse particulière et à une profondeur convenable. Au vent du Nord, où l’air est purifié. « 

Les inhumations furent abandonnées en juillet 1787 dans le cimetière de l’hôtel Dieu et le cimetière du Nord fut inauguré le 8 juillet de la même année . Le 30 juillet Pierre Loureau (28 ans) et Marie Herbelot (35 ans) furent les deux premières personnes à être inhumées et bénies par le chanoine Polonceau dans ce nouveau cimetière devenu depuis « le Petit père Lachaise rémois. »

Jean-Baptiste Pierre-Henri Caqué légua aussi une partie de sa fortune pour le rétablissement des écoles de dessins et de mathématiques supprimées à la Révolution.

ALAIN MOYAT

1.-La rue Caqué (ancienne rue Nulle Part)à Reims, honore la mémoire du père du créateur du cimetière du Nord.

Amélie Doublié: créatrice de la première école ménagère française

Les vieux rémois connaissent le square Amélie Doublié (1). Ils sont moins nombreux à savoir que la Béthenyate ( 1836-1876) a créé en 1873 la première école ménagère de France reprise ensuite par la ville dont son mari le Dr Doyen fut maire de Reims de 1881 à 1884.

Une famille généreuse

Son père s’était déjà fait remarquer en aidant des ouvriers à construire leur maison sur de nombreux terrains faubourg de Laon et de Bétheny. Elevée avec le soucis de faire le bien à autrui, Amélie Marie Joséphine peinée par la misère qui frappait le milieu ouvrier eut l’idée de donner une profession aux jeunes filles des classes populaires. C’est ainsi qu’elle créa dans sa propriété de la rue de Mars la première école ménagère de France pour des jeunes filles à partir de 13 ans. Si la mentalité de l’époque demande surtout à la femme d »‘être une bonne épouse, une bonne mère; l’entretien du foyer constituant la mission première » , Amélie Doublié mit en place une formation de trois ans pour donner une formation générale de qualité aux jeunes filles. Lavage, repassage, raccommodage, cuisine, service de la table, comptabilité personnelle et commerciale, broderie, crochet, broderie, l’école connaît un beau succès et passe vite de 24 élèves à 200 élèves en 1914. Mieux, beaucoup d’élèves dont beaucoup avaient bénéficié de bourse pour étudier continuèrent leurs études pour devenir caissières, couturières, repasseuses, corsetières et même institutrices.

le mari d’Amélie Doublié fut maire de Reims de 1881 à 1884)

Nommé maire de Reims sous la III ème République et confirmé par le conseil municipal le Dr Octave Doyen, professeur à l’école de médecine et médecin de l’hôtel Dieu reprit sous l’égide municipale le projet de son épouse décédée . Il fit construire en 1880 une nouvelle école ménagère rue des Boucheries (l’école s’installant en 1910 dans l’ancien lycée de jeunes filles, rue de l’Université). Avec son adjoint Henri Henrot il favorisa aussi la création d’écoles communales à Reims au grand dam du clergé et de diverses congrégations.

Diplômée par la société mutuelle de Reims, Amélie Doublié fonda aussi le prix Doublié-Doyen pour un ouvrier méritant.

Un fils méritant aussi

Eugène Doyen

Fruit de l’union d’Amélie Doublié et d’Octave Doyen, Eugène Louis Doyen (1859-1916) a aussi marqué son époque. Chirurgien à Reims puis à Paris il perfectionna la technique opératoire et certains n’hésitent pas à dire qu’il est le créateur de la chirurgie moderne.

Des qualités qui collent mal avec ceux qui affirment que Marcel Proust s’est peut-être inspiré d’Eugène Doyen avec lequel il a plusieurs fois voyagé pour créer son personnage du Dr Cottard dans « A la recherche du temps perdu ». Un personnage qui ne brillait pas particulièrement par son esprit en société. Les gens sont méchants…

photo wikipédia (unenouvelle à venir en août)

Amélie Doublié repose avec sa famille dans le Canton 1 du cimetière du nord. Dans un état total d’abandon, sa sépulture a été reprise par la ville afin de refaire le caveau de cette famille généreuse.

(1)La localisation de la place Amélie Doublié s’explique, affirme Jean Yves Sureau,  » parce que la famille Doublié-Doyen a largement contribué à l’amélioration du quartier en cédant gratuitement des terrains qui formaient en 1883 le sol de plusieurs voies publiques et en prêtant des fonds à taux réduit aux constructeurs. »

Alain MOYAT

Source: 3 grand est du 19 juillet 2020; wikipédia; « Les rues de Reims » de Jean-Yves Sureau; « Cimetière du Nord » par Alphonse Rocha.

Barbe Nicole Ponsardin dite »la veuve Clicquot »(1777-1866)

Surnommée aussi la grande dame de la Champagne. Ici peinte par Léon Cogniet avec sa petite fille Anne

Elle n’a pas volé son surnom de « Grande dame de la Champagne ». Fille d’un riche industriel du textile, Barbe Nicole Ponsardin , veuve très jeune, mais bien entourée, a su développer avec passion et efficacité l’entreprise de négoce de champagne de feu son mari François Clicquot. Au point d’exporter jusqu’en Russie puis dans le monde entier des centaines de milliers de bouteilles malgré les divers aléas politiques connus en Europe.

Barbe Nicole Ponsardin Clicquot avait fait construire une superbe chapelle pour toute sa famille

1805.-Pas question de revendre les vignes familiales. Bien que jeune maman, la veuve Clicquot, 27ans, n’entend pas arrêter l’activité viticole développée depuis 1800 par son mari qui vient de mourir d’une fièvre maligne. C’est décidé: elle poursuivra l’oeuvre de son époux François Cliquot. Entouré de M. Bohne pour les exportations et de Jérôme Fourneaux puis Antoine de Muller pour les assemblages elle développe même de façon exponentielle la société Veuve-Clicquot-Ponsardin.

Passionnée par la vinification

Est-ce le mémoire sur le choix des plants, le travail de la vigne et la façon de gouverner les vins signé par Dom Pérignon en personne que le prêtre réfractaire qui l’a mariée lui a offert, toujours est-il que la veuve Clicquot se passionne vite pour la vigne, vinification, l’état des vins et la bonne tenue de la mousse dans la bouteille. Détestant les vins troubles et ceux qui avec une mousse épaisse avaient une apparence « d’yeux de crapauds « elle invente la table de remuage avec le concours d’Antoine Aloys de Muller. En plaçant le col des bouteilles de champagne dans des trous obliques percés dans le longues tables (ancêtres des pupitres)et en les secouant légèrement chaque jour durant trois mois, les dépôts contenus dans la bouteille glissaient jusqu’au goulot. Faciles à éjecter alors au moment du dégorgement le procédé permettait de rendre les vins plus clairs, nets et limpides.

Elle se joue des aléas politiques

Si son père, maire de Reims de 1810 à 1820 n’est pas particulièrement courageux (https://reimscimetieredunord.wordpress.com/2021/05/01/nicolas-ponsardin-pleutre-opportuniste/(ouvre un nouvel onglet) la veuve Clicquot s’adapte aux conséquences des guerres napoléoniennes.. Elle se joue du blocus britannique en faisant voyager ses commerciaux sous pavillon américain.

Après avoir gagné la cour de Frédrich William IV de Prusse surnommé « le roi Cliquot » son champagne abreuve la Russie écrit Prosmer Mérimée. Pouchkine compare « le vin béni « de la veuve Clicquot à la fontaine d’Hippocrène où les poètes puisaient l’inspiration. Alors, l’occupation de Reims par les Russes, la veuve ne s’en émeut pas. Si les Russes pillent et volent le Clicquot dans les caves, la veuve se fait une raison: « Qu’on les laisse faire. S’ils boivent, ils paieront ». Le 6 juin 1815 elle affréte un petit bateau hollandais chargé de 10.000 bouteilles qu’elle écluse à prix d’or à Koenisberg pour l’anniversaire du roi de Prusse puis à Saint Pétersbourg. Une seconde cargaison de 20.000 bouteilles connaît le même succès.

Un associé efficace: Edouard Werlé

Si la création d’une banque d’affaires pour se lancer dans le commerce de la laine doublée du départ de son chef de cave chez Ruinart lui occasionne des problèmes bancaires, la veuve Clicquot a la bonne idée d’engager en 1821 le jeune Mathieu Edouard Werlé. Celui-ci sauve l’affaire de la banqueroute, devient son associé en 1831 et gagne de nouveaux marchés en Angleterre et aux Etats-Unis. Maire de Reims de 1852 à 1868. il se voit confier la direction de la Maison de Champagne. A la mort de la veuve Clicquot à l’âge de 88 ans l’entreprise commercialise 750.000 bouteilles. La grande dame de la Champagne repose dans la chapelle qu’elle avait fait construire pour sa famille dans le canton 2.

De la rue Cérès au château de Boursault

La veuve Clicquot partagea sa vie entre l’hôtel particulier de son père rue Cérès et le château renaissance de Boursault qu’elle fit reconstruire. Sa fille Clémentine épousa Louis Marie Joseph comte de Chevigné (Louis de chevigné: une vie de comte et de contes).

On rapporte que la veuve Cliquot aurait sauvé la Porte Mars. Ce qui est sûr c’est qu’elle créa l’hôtel des petits ménages (une maison de retraite) et fit dons à Epernay de plusieurs sources afin de mieux alimenter la ville.

Alain MOYAT

Sources: Grandes marques et maisons de Champagne d’André Garcia; https:maisons-champagne.com; wikipedia.

Et comment réagirait la veuve Clicquot suite à la décision inique du président Poutine?

Actualité oblige (juillet 2021)on se demande ce que dirait aujourd’hui la veuve Clicquot au président Poutine qui interdit de traduire le mot CHAMPAGNE en cyrillique sur les bouteilles exportées en Russie par les Champenois. Pire, il exige que soit indiqué en cyrillique le mot VIN EFFERVESCENT au dos de la bouteille.

La grande dame de la champagne n’aurait sans doute pas hésité, elle qui s’est toujours attachée à produire des vins parfaits. Comme elle luttait contre la contrefaçon, qualifiée de brigandage, nul doute qu’elle exigerait pour cet indélicat personnage la même peine qu’à son époque: une marque au fer rouge et dix ans de réclusion! 🙂

Jean-Baptiste Langlet: médecin humaniste et héros civil de 1914-1918

Photo M. Branger (1909)

Il aurait pu devenir courtier en laine comme son père. Il a choisi la médecine comme son grand-père. Jean-Baptiste Langlet (1841-1927), maire de Reims de 1908 à 1919, est pourtant plus connu pour son comportement exemplaire lors de la Première guerre mondiale.

Si la ville de Reims recherche une personnalité lcoale à mettre à l’honneur dans le parc du quartier Saint Remi, pas besoin de lorgner vers le tsar Pierre Legrand du côté de la Russie… Une statue à la mémoire de Jean-Baptiste Langlet serait plus appropriée tant la vie de ce Rémois toujours soucieux de « faire appel à la raison » fut exemplaire.

Médecin et citoyen engagé

Après des études au collège Bons enfants et au lycée, Jean-Baptiste Nicaise Langlet débute ses études de médecine et de pharmacie à Reims en 1861 avant de devenir en 1867 interne des hôpitaux de Paris. Médecin major en 1870 lors du siège de Paris par les Prussiens puis témoin des massacres lors de la Commune, il passe sa thèse l’année suivante avec succès. De retour à Reims il se marie avec Louise Marie Lévêque de Pontfaverger et s’installe quartier Saint-Remi . (Il aura deux enfants et deviendra tuteur de ses trois neveux orphelins.)

Si sa thèse de médecine sur les rapports entre le sommeil et la nutrition des centres nerveux lui valent les honneurs, Langlet, conseiller municipal républicain de 1871 à 1879 crée l’Union médicale et scientifique du Nord-Est, creuset de nombreuses publications. Il se préoccupe notamment de la cause de la mortalité enfantine à Reims et la façon de la combattre; milite pour que chaque foyer ait l’eau potable. Il crée le bureau d’hygiène en 1882, ainsi que l’oeuvre des voyages scolaires pour permettre à tous les enfants de découvrir d’autres horizons. Elu Député radical contre Menesson-Champagne de 1889 à 1893, médecin chef des hôpitaux de Reims, il est nommé directeur de l’école de médecine en 1896. « Plus socialiste que radical« , sous une allure un peu rude, Jean-Baptiste Langlet , intègre, est très ferme pour défendre ses opinions. Conseiller général du 3ème canton en 1906, il est élu maire en 1908 et reconduit à ses fonctions jusqu’en 1919.

Défenseur de l’école publique

Si au début de son mandat, Langlet se contente de gérer les affaires courantes, fait des économies et termine le travail engagé par ses prédecesseurs Charles Arnould et Adrien Pozzi, il se heurte vite au cardinal Luçon fraîchement débarqué à Reims.

Anticlérical, membre de la section rémoise de la Ligue de l’enseignement, le maire n’accepte pas la campagne lancée en 1909 par le pape dénigrant les instituteurs de l’école publique accusés de « perversion morale et de donner un enseignement contraires aux moeurs et au bien social. »

A l’initiative du musée des Beaux-Arts

Président d’honneur de la Société des Amis du Vieux Reims, membre de l’Académie de Reims à qui il présenta la vie et l’oeuvre du sculpteur Saint-Marceaux , Jean-Baptiste Langlet est aussi celui qui favorisa l’installation du nouveau musée des Beaux-Arts dans l’ancienne abbaye Saint-Denis, musée inauguré en 1913 et dont il fut lui-même conservateur à la fin de sa vie.

Héros civil de 1914 à 1918

Agé de 73 ans au moment de la déclaration de la Première guerre mondiale, Jean-Baptiste Langlet est sans conteste une figure emblématique de la résistance de la France lors de l’invasion allemande. Interlocuteur des allemands qui occupent Reims du 4 au 12 septembre 1914 , demandent la reddition de la ville et une forte rançon, il est d’abord pris en otage avec d’autres Rémois. Il doit ensuite faire face à de nombreuses difficultés financières de la commune obligée d’emprunter pour acheter du ravitaillement à destination des 100.000 habitants, pour assurer le traitement des fonctionnaires municipaux mobilisés, accorder des crédits aux réfugiés et aux chômeurs. Pas d’accord pour faire évacuer Reims fin 1914 comme le voulait l’armée, Langlet s’attache par contre à réclamer au militaires français ce qu’ils doivent à la ville pour son occupation. Réclamant l’union sacrée à son assemblée communale, il fait aussi une paix intelligente avec le cardinal Luçon et multiplie les visites de la cathédrale et de la ville pour montrer au monde entier les dégâts occasionnés par les bombardements (qui durèrent 1051 jours).

Poignée de main entre le cardinal Luçon et Jean-Baptiste Langlet, deux hommes qui ne s’appréciaient pas mais qui surent oublier leur conflit au nom de l’intérêt de la ville et desRémois (photo collection Claude Langlet-Fargette)
La dernière visite de Reims avant d’être obligé de quitter la ville en mars 1918 (collection Reims Avant)

Suite à l’incendie de l’hôtel de ville il fut contraint d’organiser en 1917 le conseil municipal juste à côté dans les caves de la maison Werlé, rue de Mars. De même, obligé finalement de quitter la ville le 25 mars 1918 face à l’offensive allemande du printemps 1918 , il organise un conseil municipal de Reims … à Paris, 19, avenue de l’Opéra.

Pour ses obsèques le 10 mars 1927, Jean-Baptiste Langlet a droit à des funérailles grandioses avec un corbillard qui parcourt les rues de la ville jusqu’au cimetière du Nord. Une reconnaissance méritée pour ce grand Homme qui avait déjà eu droit de son vivant – fait exceptionnel- à l’inauguration d’une rue à son nom en 1924.

Cortège funèbre dans la ville pour accompagner Jean-Baptiste Langlet jusqu’à sa dernière demeure au Cimetière du Nord (photo collection Claude Langlet-Fargette)

Alain MOYAT

Sources

https://documentation-ra.com/2016/06/22/docteur-jean-baptiste-langlet-1841-1927/

https://www.lunion.fr/art/region/l-hommage-d-une-arriere-petite-fille-a-un-maire-courageux-ia3b24n414494

https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/marne/reims-metropole/reims/histoires-14-18-dr-jean-baptiste-langlet-maire-reims-777751.html

wikipedia, Jean-Yves Sureau: « les rues de Reims« ; « histoire de Reims » par Georges Boussinesq et Gustave Laurent

Charles Desteuque: expert en demi mondaines et pilier de la Belle époque

Charles Desteuque découvreur de demi mondaines pour les cabarets parisiens de la Belle Epoque
Charles Desteuque enterré dans le caveau familial

A cause de sa vie pour le moins singulière, il fut enterré avec discrétion dans la sépulture familiale ( canton 16 ). Journaliste critique-dramatique, Charles Desteuque (1851-1897) surnommé « l’Intrépide vide bouteilles » est devenu à Paris un expert en demi mondaines dont il alimentait les cabarets de la Belle époque.

ami de Toulouse Lautrec

Il est le fils d’Adèle Palloteau qui légua à la ville de Reims la propriété de « la Rosière «  à Villers-Allerand et d’Eugène Desteuque, fabricant de tissus, conseiller municipal de Reims en 1874, adjoint au maire de 1878 à 1892 puis maire de Villers-Allerand (1)

« Bon zig «  à en croire le fin observateur rémois Eugène Dupont, Charles Desteuque décédé à 45 ans dans l’asile psychiatrique de Prémontré (Aisne)est sans doute l’un des témoins et acteurs le plus singulier de la vie nocturne parisienne à la Belle Epoque. Plumitif dans le journal « Gil Blas »où il tenait une rubrique sur la promotion des demi mondaines, Il devint vite à la fois chevalier servant et impresario des plus célèbres cocotes des cabarets, du Moulin Rouge aux Folies Bergère: de la Goulue en passant par Emilienne d’Alençon, Liane de Pougy, la belle Otéro et Clémence de Pibrac.

Surnommé l’Intrépide vide bouteilles

Surnommé l’Intrépide vide bouteilles par Raoul Ponchon qui lui dédia des vers, Charles Desteuque fut aussi décrit de façon très précise en 1888 dans un article du « Courrier français illustré » et intitulé : »la légende de l’Intrépide Vide bouteilles ».

Et l’on en apprend un peu plus sur son rôle dans le Paris by night de la Belle époque. « Les horizontales ne peuvent pas prendre la position couchée qui est leur position naturelle si elles n’ont pas passé par l’intrépide vide bouteilles… (…) Cet « intrépide » est donc un véritable Minotaure (…).
Le Vide-Bouteille a été promu par le Gil Blas au grade envié de major du bataillon de Cythère. C’est lui qui reçoit les recrues et qui les immatricule. Il ne les habille pas. Plutôt ferait-il le contraire. »
Cette légende avait déjà dix ans, et le journaliste s’empressait d’ajouter qu’elle a été spirituellement inventée et « goguenardement » propagée à travers le monde par le baron de Vaux et de rectifier en ajoutant : il est très gentil ce Vide-Bouteilles. C’est ce qu’on appelle un bon zig.

C’est ainsi qu’au détour de sa vie nocturne au cours de laquelle il semble qu’il ne buvait que de l’eau de bouteilles de Vichy et de Vittel, Charles Desteuque fit la promotion et assura le suivit, si l’on peut dire, de nombreuses femmes qui animèrent les folles nuits parisiennes. Il fait engager au Moulin Rouge Louise Weber, danseuse de french cancan plus connue sous le surnom de « la Goulue ». Il lance dans le bain mondain Emilienne d’Alençon alors âgée de quinze ans; grande courtisane qui ruina le jeune duc Jacques D’Uzès arrière arrière petit fils de la Veuve Cliquot.

Emilienne d’Alençon

Il fait la promotion de demi mondaines: la Belle Otéro, Liane de Pougy, danseuse courtisane : « le luxe intime d’une horizontale de grande Marque ». Témoin de la vie rémoise, Eugène Dupont affirma que c’est une de ses protégées Clémence de Pibrac, née à Sainte-Ménehould qui fit découvrir au tout Paris le fameux « Cordon rouge » « de chez Mumm, élaboré « à partir de cuvées ratées. « Le champagne qui se boit quand on n’est plus à même d’apprécier seinement les qualités d’un vin mousseux ».

Charles Desteuque et Clémence de Pibrac née à Sainte Ménehould auraient fait dans les cabarets la promotion du « Cordon rouge » de chez Mumm élaboré « à partir de cuvées ratées »affirmait Eugène Dupont.

Devenu secrétaire des Folies Bergère, Charles Desteuque ne lésine pas pour promouvoir ce haut lieu de la vie parisienne. « La dernière fois que Charles Desteuque a été vu sur le Boulevard, c’était dans un équipage attelé de rennes. Un traîneau à roulettes, emprunté aux accessoires d’une troupe russe venue à Paris en représentations. L’Intrépide, ayant à ses côtés un moujik à longue barbe, en touloupe et bonnet en peau de mouton, une belle fille, coiffée du kakochnick national, et dont le corselet pailleté d’or était radieux, – semblait triomphant. Il trimballait à travers Paris, de rédaction en rédaction, ce nouveau numéro sensationnel des Folies-Bergère,

Des vers en guise d’oraison funèbre

On trouve une première version publiée, en 1920, dans La Muse au Cabaret, seule œuvre parue du vivant de Ponchon, l’homme aux 150.000 vers. Elle a, semble t-il, été revue et corrigée par son auteur, car Eugène Dupont  livre une autre variante, beaucoup plus drôle, dans La vie rémoise de ces vers écrits par Ponchon, deux ans après la mort de Charles Desteuque.

1ERE VERSION (1920)

Intrépide Vide-bouteilles,
Qui passas tes nuits et tes veilles
À boire de l’eau,
Intrépidement, dans laquelle
Devait se noyer ta cervelle,
Pauvre gigolo !Je te vois toujours, glabre et blême,
Avec ta face de carême,
Tes yeux comme… cuits ;
Ta chair exsangue, molle et grasse,
Révélant toute la disgrâce
De tes blanches nuits.Je te vois affairé, rapide,
Les bras ballants, le regard vide,
On eût dit épars..,
Distribuant mille poignées
De main, pas toujours renseignées,
Sur les boulevards.Ton nom encombrait les gazettes,
Parmi ceux d’un tas de mazettes,
Dont le leur me fuit ;
Qui te célébraient après boire,
Et tu prenais pour de la gloire
Tout ce vilain bruit !On t’invoquait comme la Muse
Du demi-monde où l’on s’amuse,
Du Paris fêtard,
Toi, plus triste qu’une Wallace,
Qu’un convoi de huitième classe,
Quartier Mouffetard.
Tu nous amusas, somme toute,
Tant que fus sur notre route…
Sommes-nous ingrats !
Car te voilà dans la Ténèbre,
Sans même l’oraison funèbre
Q’on fait au Bœuf gras,Une légende hyperbolique
Veut qu’un jour tu fus héroïque,
Et que, pour un doigt
De vin pur – ô sombre débauche
Tu passas, du coup, l’arme à gauche,
Après cet exploit.
L’histoire est autre qui m’agrée
Si ta fin fut prématurée,
N’est-ce pas, vraiment,
Pour avoir bu, toute ta vie,
De l’eau – que rien ne justifie
Intrépidement ?

 2 IEME VERSION (1899)

Je te vois vague, blême,
Avec ta face de carême,
Tes yeux gris et cuits,
Ta chaire exsangue, molle et grasse,
Révélant toute la disgrâce
De tes blanches nuits !Le rien avec la niaiserie
Étaient ton soleil, ta patrie,
Ton « home » à jamais,
La Tour-Eiffel, qui nous rebute
Ainsi que la Montmartre-Butte,
Tes plus purs sommets.Tu dénichais des demoiselles
Demi-vierges, quart de pucelles ;
Pour les casinos,
Sans Falconisme, et dont les rentes
Se trouvaient surtout apparentes
Dans leurs jambonneaux.Non. Tu travaillais pour la gloire
Et pour l’art ! Tout porte à le croire,
Pour la Gloire et l’Art !
Onc ne voulus chez l’une d’elle,
Non plus tenir une chandelle,
Que frotter ton lard !Ah ! que le Seigneur de Justice
À ta misère compatisse,
En son ciel divin,
Intrépide Vide-Bouteilles,
Sans boire du vin !

(1)On ignore, semble t-il les dates à laquelle Eugène Desteuque fut maire de Villers-Allerand

Alain MOYAT


Sources: Principalement : le remarquable article de Jean-Yves Sureau sur google.com/site/lavieremoise/remois-celebres/charles-desteuque

(tapez sur google: Eugène Dupont Charles Desteuque pour récupérer le lien.

http://www.janinetissot.fdaf.org/jt_desteuque.htm

wikipédia,.

Léon Chavalliaud: un sculpteur plus connu Outre Manche qu’à Reims

Inhumé au cimetière du Nord, Léon Chavalliaud (1858-1919) est un sculpteur connu sans le savoir des visiteurs de la nécropole où plusieurs de ces oeuvres décorent plusieurs tombes (Censier, abbé Deglaire, Etienne Robert). Malheureusement cet artiste reposant dans le 8 ème canton est moins connu des Rémois que des Anglais qui lui ont confié durant quinze ans la réalisation de nombreuses oeuvres.

Léon Joseph Chavalliaud (1858-1919)

Fils d’un aubergiste de Mourmelon et onzième d’une fratrie de quatorze enfants, Léon Joseph Chavalliaud né à Reims le 29 janvier 1858 commence son apprentissage à l’âge de quatorze ans. Apprenti modeleur-mouleur sur le chantier de la cathédrale, très doué, il bénéficie d’une bourse municipale et entre aux Beaux-Arts à Paris. Elève de Falguière, de Jouffroy puis de Louis Auguste Roubaud, il se fait remarquer par son talent de sculpteur. Il travaille en 1880 sur les cariatides de la façade de l’hôtel de ville de Reims (détruites lors d’un incendie survenu en 1917). Réalise quelques sculptures sur la façade de l’hôtel Georget, 43, rue de Talleyrand.

Deuxième second prix de Rome

« Tobie retirant le poisson »

Participant en 1886 au grand prix de Rome sur le thème: « Tobie retirant le poisson », il obtient le 2ème second prix. Si le palmarès le déçoit, le travail de Chavalliaud a séduit Mme Pommery qui lui commande un buste et lui finance aussi un voyage en Italie où il s’imprègne des oeuvres des grands maîtres.

Pour le consoler de son (seulement)2ème grand prix de Rome, Mme Pommery lui commanda un buste. Il fera aussi celui de Henri Vasnier et de Melchior de Polignac

Sollicité pour le monument de la Fédération Bretonne-Angevine

la sculpture de bronze: « le serment des volontaires »
« Le génie de la liberté » »en bronze préalablement réalisé par Le Goff avant sa mort a été détruit en 1938 par des autonomistes bretons

Appelé à Pontivy (Mayenne) suite au décès du sculpteur Joseph Le Goff en 1890, choisi pour réaliser le monument de la Fédération bretonne angevine (1), Léon Chavalliaud réalisera un motif en bronze intitulé : « le serment des volontaires. »Le monument aux morts et commémoratif fut finalement inauguré en 1894.

Quinze années de sculpture en Angleterre

Sollicité pour quelques commandes par des britanniques appréciant ses sujets toujours très ressemblants, Léon Chavalliaud part en 1892 en Angleterre. Il y résidera quinze ans dans le quartier de Brixton à Londres. S’il expose à la réputée National Gallery et à la Walker& Brindley de Liverpool, il gagne sa vie en réalisant des monuments pour les cathédrales de Winchester, Lincoln, Ely et plusieurs églises. Il sculpte des portraits de personnalités: Ewart Gladsone et Lord Roberts, des hommes politiques ainsi que des tombeaux de personnalités . Impressionnante aussi la réalisation de huit statues de marbre pour le Conservatoire de botanique de Liverpool dont celles de Christophe Colomb, du Capitaine Cook, Le Nôtre, Darwin et Parkinson.

Six des huit statues de bronze réalisées par Chavalliaud pour le conservatoire de botanique de Liverpool

Vainqueur d’un concours devant 21 artistes à Londres

En l’honneur de la tragédienne Sarah Siddons, une sculpture encore visible dans un parc londonien

Deuxième grand « prix de Rome », ce qui l’avait fort contrarié, Chavalliaud eut sa revanche à … Londres. Il remporta en effet en 1897 un concours organisé pour immortaliser une célèbre artiste ,  la tragédienne Sarah Siddons dont la statue est toujours dans le parc de Paddington Green de Londres.

Un Dom Pérignon inspiré par son papa!

Dom Pérignon aurait le visage du père de Chavalliaud!

De retour à Reims en 1907, le sculpteur auquel les membres de l’Académie nationale de Reims avaient remis une médaille d’or l’année précédente immortalise le célèbre champenois Dom Pérignon pour l’abbaye d’Hautvillers. On rapporte que pour réaliser l’inventeur du champagne il s’inspira de la figure de bon vivant de son papa!

On retiendra enfin que le sculpteur rémois (marié à  Marie Julienne Rousseau) et décédé le 5 février 1919 immortalisa aussi plusieurs autres personnalités rémoises dont le Dr Langlet et Charles Arnould, tous deux maires de Reims.

(1) Sur le monument on peut lire: « A la glorieuse mémoire des jeunes volontaires et des représentants de Bretagne et d’Anjou qui se fédérèrent à Pontivy les 15 janvier et 15 février 1790 pour adhérer solennellement à la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen pour serrer les liens d’une amitié fraternelle, proclamer leur nationalité française et affirmer l’unité de la patrie.« 

Alain MOYAT

Sources: Grandes marques et Maison de Champagne; les rues de Reims par Jean-Yves Sureau, wikipedia, https://www.geocaching.com/geocache/GC6GV5Z_leon-chavailliaud?guid=ea9ba873-9ba3-4507-88b7-ad91949f0907

Jean-Nicolas Ponsardin: pleutre ou opportuniste?

Il repose dans la chapelle des familles Clicquot, Ponsardin et de Chevigné. Le très fortuné baron Nicolas Ponsardin qui fut vingt ans maire de Reims était « ondoyant et souple dans ses convictions et expert à se tirer d’affaires » entre Révolution, Empire et Royauté. Mais, en clair fut-il un pleutre ou un opportuniste?

La chapelle des familles Clicquot, Ponsardin et de Chevigné.

Fils d’un important drapier Ponce Jean Nicolas Philippe Ponsardin est un singulier personnage. Né le 22 janvier 1747 à Reims il louvoya d’une discutable façon durant toute sa vie pour satisfaire son goût de l’autorité et du pouvoir. Vous allez pouvoir en juger. A l’abri du besoin grâce à son père Adrien et sa fabrique qui employait près d’un millier d’ouvriers Jean Nicolas Ponsardin, formé au collège des Bons enfants puis trois années à la fac de Droit commença à faire parler de lui quand en 1775 les notables de la ville le choisirent pour complimenter le roi Louis XVI pour son sacre.

Inscription sur la chapelle familiale

Deux ans plus tard en épousant Marie-Jeanne Joseph Clémentine Huart-Letertre (1760-1837), la fille de Nicolas Irénée Ruinart, fondateur de la marque de champagne éponyme, il devenait l’une des plus grosses fortunes de Reims (1)

« Consolider la Révolution »

Acteur économique majeur de la ville, libéral, Jean Nicolas Ponsardin, membre du conseil de ville se coule finalement sans peine dans la période révolutionnaire. Entretient, semble t-il, de bonnes relations avec Jean-Baptiste Armonville, ouvrier dans la laine, conventionnel ouvrier rémois élu pour représenter la ville en mars 1789 à l’assemblée du Tiers Etat du bailliage de Reims (3). Il entre en 1790 dans la Société des amis de la constitution dont le but est de » constituer de plus en plus une révolution qui fait honneur à toute la France. »(2) Il est élu au directoire du district de Reims, fait partie du Club des Jacobins dont l’idole est Robespierre. On rapporte que ceint d’un bonnet rouge il donnait le bras au président du Temple de la Raison. Il se fait oublier lors de massacres de 1792.

Nicolas Ponsardin ou l’art de retourner sa veste

Cumulant ensuite les fonctions: administrateur de l’hôpital général, juge consul, président co-fondateur de la chambre de commerce, président de la caisse patriotique etc… Nicolas Ponsardin sait flairer l’évolution de l’histoire.

Accueil de Bonaparte à Reims en 1803

En 1803 Nicolas Ponsardin, président du tribunal de commerce, apprenant que le premier consul Napoléon Bonaparte revient d’une tournée en Belgique se rend à Mézières pour lui demander de faire étape à Reims. Un arc de triomphe est élevé à l’entrée du faubourg Cérès avec une inscription en latin « Napolini Bonaparte Primo consuli ex amore populi precibusque Remus adeunti » et une inscription en vers: « En tous lieux sur ses pas on voit voler la gloire . Tout cède à ses efforts vainqueurs . Et par une constante et plus douce victoire il triomphe de tous les coeurs »

La réception du 22 thermidor an XI (10 août 1803) est à moitié réussie car Napoleon arrive à Reims à 3 heures du matin! Malgré tout on fait sonner les cloches de la cathédrale, la ville est illuminée un instant. Le maire Jobert Lucas lui remet les clefs de la ville. Après une courte nuit à l’hôtel Ponsardin fils, 18, rue de Vesle, on lui fait visiter les industries textiles rémoises. Mais le soir, si son épouse Joséphine participe une heure au bal organisé dans la salle de la Bourse(aujourd’hui la salle du Tau), le premier consul lui, n’y paraît pas. Il passe la nuit à l’hôtel et quitte la ville dès potron-minet. Il n’y reviendra pas avant 1814.

1810 Faste pour accueillir Marie-Louise d’Autriche

Le 27 mars 1810, Reims accueille avec faste et de nombreux arcs de triomphe Marie Louise d’Autriche, la nouvelle épouse de Napoléon. Sur la porte Dieu Lumière aux couleurs de la France et de l’Autriche a été inscrit: « A Marie-Louise d’Autriche Impératrice des Français, Reine d’Italie. les maires et habitants de la ville de Reims. » Sur la porte du « Palais » (l’hôtel Ponsardin)a été inscrit dans le marbre:

« Du grand Napoleon suivant les nobles traces,

Louise dans ces lieux tient un instant sa cour

Et fit de ce simple séjour l

Le temple des Vertus et le Palais des Grâces. »

La nouvelle impératrice ne s’éternise pas. Elle reçoit les compliments de Jean Nicolas Ponsardin avant de rejoindre Napoléon à Courcelles-sur-Vesle.

Quelques mois plus tard Ponsardin est récompensé de ses efforts. Par décret impérial il est nommé maire de Reims en 1810. En mars 1811 le nouveau maire fait sonner les cloches des églises et le bourdon de la cathédrale, tirer des salves d’artillerie pour saluer la naissance du fils de Napoléon. Les habitants sont invités à illuminer les façades de leurs maisons.

Baron d’empire, Ponsardin en profite pour créer ses propres armoieries

En 1813 Ponsardin est fait baron d’empire. Ilreçoit la légion d’honneur et le droit de créer ses armoiries: d’argent à la fasce d’azur, chargée d’une sardine d’or, accompagnée en chef d’une muraille crênelée de sable, adextrée d’une tour carrée, et en pointe d’un pont à trois arches du même soutenu d’une rivière de sinople. Explications: Ponsardin choisit d’illustrer son nom par un pont surmonté d’une sardine : pon(t)sardin(e). Le pont a trois arches pour rappeler ses trois enfants et le mur crénelé est le signe distinctif des barons maires de ville.

Mars 1814 La fuite avant l’arrivée des cosaques

Un an plus tard, les revers militaires de Napoléon font trembler Jean Nicolas Ponsardin qui préfère prendre la fuite comme son adjoint Félix Boisseau lors de l’arrivée d’une poignée de cosaques aux portes de Reims. Prétextant une maladie… il part se réfugier au Mans. Napoléon reprendra Reims, sa dernière victoire, mais c’est le maire par défaut Florent Andrieux qui est là pour l’accueillir.

Ponsardin plus royaliste que le roi…

Dévoués à l’Empire les Rémois redeviennent alors royalistes en avril 1814 quand Napoléon est exilé sur l’île d’Elbe. On remplace le drapeau blanc par le drapeau tricolore. Les Rémois présentent à Paris leur soumission au roi Louis XVIII. Pour le coup, Ponsardin et Boisseau sont du voyage…. Et là, le 18 avril Ponsardin prononce un discours dithyrambique. « Monseigneur, la ville de Reims, que nous avons l’honneur de représenter auprès de votre altesse, vient d’adhérer, avec transport, aux grandes mesures qui ont été prises pour le rétablissement de l’autorité légitime et sacrée de nos rois (…) L’élan de nos coeurs nous amène aux pieds de Votre Altesse royale pour y déposer nos sentiments d’amour et de respect et la féliciter de son heureuse arrivée. « 

Quelques jours plus tard le Rémois écrit au roi pour lui demander d’agir pour Reims, « une ville négligée, oubliée, délaissée dans les derniers temps. » Et de demander aussi le rétablissement du siège épiscopal de Reims, ville des sacres, supprimé au profit de Meaux lors du Concordat de 1801.

Mars 1815: Il reprête serment à Napoléon!

Napoléon ayant réussi son retour de l’île d’Elbe, aussitôt Jean-Nicolas Ponsardin prête à nouveau serment à l’empereur, et devient député et conseiller général.

Au bout des « Cent jours », Napoléon étant définitivement vaincu et prisonnier sur l’île de Sainte-Héléne, Nicolas Ponsardin souffle quand Louis XVII redevient roi de France et de Navarre en juillet 1815.

Reims retrouve son siège épiscopal, voit revenir ses congrégations religieuses, se crée le Petit séminaire. Toujours maire il demande que soit refaite sur l’hôtel de ville la statue de Louis XIII détruite à coups de marteau à la Révolution. Le 30 juin 1818 il inaugure la première pierre d’une restauration de la statue de Louis XV Place royale, la première ayant été renversée en 1792 et fondue à Metz pour en faire des canons. La statue réalisée par Pierre Cartellier et Pigalle pour les statues du piédestal est inaugurée le 25 août 1819.

Un an plus tard, le 27 octobre 1820 Jean Nicolas Ponsardin s’éteignait et donnait son nom à une rue à Reims le 16 août 1849.

Alain MOYAT

(1) Il eut trois enfants. Deux filles: Barbe Nicole (plus connue sous le nom de Veuve Clicquot et Clémentine et un garçon: Jean-Baptiste.

(2) Il la présidera de mars à novembre 1794

(3) Député de la Convention il vota la mort du roi Louis XVI, mais défendit toujours le club des Jacobins.

Sources:Reims un siècle d’évènement (1600-1800) (1800-1900); Wikipédia, presse locale; la vie Rémoise d’Eugène Dupont; « les rues de Reims » par Jean-Yves Sureau; Grand Armorial de France, tome V, page 330, lignes 4,5 et 6).

Jean-François Xavier Ferrand (1802-1885) partisan du secours mutualiste

Le médaillon réalisé par le Rémois Chavaillaud a été volé au début du XXI ème siècle.(Photo A.M.1998)

Si natif de Reims où il a vu le jour le 6 juin 1802, Jean-François Xavier Ferrand n’a été député qu’un peu plus d’un an, on doit à cet ouvrier tisseur devenu contremaître chez Charles Pétriau le développement exponentiel de la Société des secours mutuels de Reims

Reims est sans doute la ville de France où est née le mutualisme à une époque indécise qu’à été la monarchie de Juillet (1830-1848). En effet, alors que les idées socialistes progressaient même à l’initiative du patronat (voir notre article sur Alphonse David) Jean-François boosta les mouvements mutualistes naissant à l’époque.

Un médaillon réalisé par le rémois Chavaillaud

Après la création en 1833 d’un mouvement né chez les serruriers rémois, il créa la Société fraternelle des ouvriers de la Fabrique en 1836 avant de devenir en 1843 l’efficace président des Sociétés de secours mutuels regroupant dix sept corporations forte de 1.200 associés: tisseurs, ouvriers serruriers, charpentiers, cordonniers, tailleurs de pierre, d’habits, ébénistes.

Des secours temporaires

Le but de la mutuelle: apporter un secours temporaire aux membres qui se trouvaient sans travail, qui souffraient de maladie ou des conséquences d’un accident du travail. Seize des 17 sociétés engagées avaient ouvert un compte à la Caisse d’Epargne avec un capital estimé à 30.000F. L’initiative était appréciée des patrons comme le relatera plus tard le maire de Saint-Marceaux: « Les mutualistes étaient estimés par les patrons pour leur bon ordre et l’esprit d’économie. » A la même époque il faut savoir que la Chambre de commerce réclamait au préfet l’établissement de caisses de secours et de retraites par les ouvriers « alors que de son côté, « la classe industrielle était plus préoccupée par ses affaires personnelles que par la solidarité « comme le note Levasseur dans son histoire de la classe ouvrière.

Député républicain modéré

Le roi Louis Philippe ayant démissionné en février 1848 sitôt la Révolution, l’élection de l’ assemblée nationale constituante qui suivit voit Jean-François Ferrand présenter sa candidature. Proposé par les républicains démocrates du Club démocratique du faubourg Cérès, le contremaître ne fut pas soutenu par les socialistes du Comité électoral de la démocratie rémoise qui le trouvait trop proche du patronat et de la bourgeoisie. Finalement présent sur une liste modérée soutenue par le National de Paris, Ferrand est élu le 23 avril 1848 7ème sur 9 avec 63.168 voix sur 93.184 et fait partie du groupe du général Cavaignac. Le 3 mai, les ouvriers l’ont même accompagné au pont de Muire pour qu’il prenne une diligence à destination de l’assemblée constituante de Paris.

À l’Assemblée Ferrand fait partie du Comité de travail. Il refuse notamment de voter contre les poursuites à l’égard de Louis Blanc et de Caussidière, contre le rétablissement de la contrainte par corps, pour la suppression de l’impôt sur le sel. Mais il se prononce contre l’inscription du droit au travail dans la Constitution, pour l’ordre du jour de félicitations en faveur de Cavaignac, contre l’amnistie aux transportés de Juin, pour l’expédition de Rome, contre l’interdiction des clubs.
Figurant sur une liste de candidats républicains modérés, il fut battu aux élections législatives du 13 mai 1849. Explication avancée: les monarchistes l’ont rejeté à cause de certains de ses votes, à leurs yeux trop démocratiques.

Ferrand eut sa revanche, si l’on peut dire, quand Napoléon III ayant diligenté une enquête sur les Sociétés de secours mutuels accusées d’agitation socialiste ne fut pas destitué par décret. Au contraire, il fut confirmé à sa place de président de la société fraternelle des ouvriers de la Fabrique

Jean-François Ferrand épouse Marie Félicité Ancelet (1799-1886).

Si à sa mort Jean-François Xavier Ferrand fut d’abord inhumé dans la fosse commune de la nécropole, la municipalité rémoise, reconnaissante de son action en faveur des sociétés mutuelles, lui accorda une concession gratuite. Et c’est le 15 mai 1887 que fut inaugurée sa tombe-cercueil décorée avec un médaillon en bronze réalisé par le sculpteur Léon Chavalliaud, joli médaillon volé au début du XXI ème siècle.

C’est l’artiste rémoise Florence Kutten qui a refait ce médaillon en poussière de marbre.

A noter que JFX Ferrand fit don de ses insignes de représentant du peuple au Musée des beaux arts en 1882.

Alain MOYAT

Source: Histoire de Reims (volume 2) de Georges Boussinesq et Gustave Laurent; la vie rémoise par Eugène Dupont; https://maitron.fr/spip.php?article30891 , « Le cimetière du Nord » par Alphonse Rocha.