Amélie Doublié: créatrice de la première école ménagère française

Les vieux rémois connaissent le square Amélie Doublié (1). Ils sont moins nombreux à savoir que la Béthenyate ( 1836-1876) a créé en 1873 la première école ménagère de France reprise ensuite par la ville dont son mari le Dr Doyen fut maire de Reims de 1881 à 1884.

Une famille généreuse

Son père s’était déjà fait remarquer en aidant des ouvriers à construire leur maison sur de nombreux terrains faubourg de Laon et de Bétheny. Elevée avec le soucis de faire le bien à autrui, Amélie Marie Joséphine peinée par la misère qui frappait le milieu ouvrier eut l’idée de donner une profession aux jeunes filles des classes populaires. C’est ainsi qu’elle créa dans sa propriété de la rue de Mars la première école ménagère de France pour des jeunes filles à partir de 13 ans. Si la mentalité de l’époque demande surtout à la femme d »‘être une bonne épouse, une bonne mère; l’entretien du foyer constituant la mission première » , Amélie Doublié mit en place une formation de trois ans pour donner une formation générale de qualité aux jeunes filles. Lavage, repassage, raccommodage, cuisine, service de la table, comptabilité personnelle et commerciale, broderie, crochet, broderie, l’école connaît un beau succès et passe vite de 24 élèves à 200 élèves en 1914. Mieux, beaucoup d’élèves dont beaucoup avaient bénéficié de bourse pour étudier continuèrent leurs études pour devenir caissières, couturières, repasseuses, corsetières et même institutrices.

le mari d’Amélie Doublié fut maire de Reims de 1881 à 1884)

Nommé maire de Reims sous la III ème République et confirmé par le conseil municipal le Dr Octave Doyen, professeur à l’école de médecine et médecin de l’hôtel Dieu reprit sous l’égide municipale le projet de son épouse décédée . Il fit construire en 1880 une nouvelle école ménagère rue des Boucheries (l’école s’installant en 1910 dans l’ancien lycée de jeunes filles, rue de l’Université). Avec son adjoint Henri Henrot il favorisa aussi la création d’écoles communales à Reims au grand dam du clergé et de diverses congrégations.

Diplômée par la société mutuelle de Reims, Amélie Doublié fonda aussi le prix Doublié-Doyen pour un ouvrier méritant.

Un fils méritant aussi

Eugène Doyen

Fruit de l’union d’Amélie Doublié et d’Octave Doyen, Eugène Louis Doyen (1859-1916) a aussi marqué son époque. Chirurgien à Reims puis à Paris il perfectionna la technique opératoire et certains n’hésitent pas à dire qu’il est le créateur de la chirurgie moderne.

Des qualités qui collent mal avec ceux qui affirment que Marcel Proust s’est peut-être inspiré d’Eugène Doyen avec lequel il a plusieurs fois voyagé pour créer son personnage du Dr Cottard dans « A la recherche du temps perdu ». Un personnage qui ne brillait pas particulièrement par son esprit en société. Les gens sont méchants…

photo wikipédia (unenouvelle à venir en août)

Amélie Doublié repose avec sa famille dans le Canton 1 du cimetière du nord. Dans un état total d’abandon, sa sépulture a été reprise par la ville afin de refaire le caveau de cette famille généreuse.

(1)La localisation de la place Amélie Doublié s’explique, affirme Jean Yves Sureau,  » parce que la famille Doublié-Doyen a largement contribué à l’amélioration du quartier en cédant gratuitement des terrains qui formaient en 1883 le sol de plusieurs voies publiques et en prêtant des fonds à taux réduit aux constructeurs. »

Alain MOYAT

Source: 3 grand est du 19 juillet 2020; wikipédia; « Les rues de Reims » de Jean-Yves Sureau; « Cimetière du Nord » par Alphonse Rocha.

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